« La science est en mesure de corriger le tir »

Durant dix ans, Daniel Höchli a dirigé avec succès le Secrétariat du FNS. Il reste confiant malgré les symptômes de crise du système scientifique.

Votre mandat en qualité de directeur se clôt sur une période de prospérité : le Fonds national s’est fortement développé. De quelle évolution êtes-vous particulièrement fier ?

Un représentant de l’économie siégeant au Conseil de fondation m’a dit un jour que le Secrétariat était dirigé comme une bonne entreprise. Qu’il soit devenu plus moderne et plus efficace sous ma direction me remplit de satisfaction. L’évolution fructueuse de la politique d’encouragement doit être portée au crédit de la présidence du Conseil de la recherche.

Comment avez-vous réussi à vendre la science et ses investissements sans garantie de succès à la
politique ?

Evoquons d’abord les facteurs externes : les excellentes hautes écoles suisses créent un climat positif, une grande partie de l’économie comprend la signification de la recherche fondamentale. Le FNS a démontré à la politique qu’il manie les fonds de manière responsable et sanc- La nouvelle directrice du FNS Angelika Kalt a été nommée directrice du FNS en janvier. Le Comité du Conseil de fondation l’a choisie pour succéder à Daniel Höchli qui a quitté le FNS fin mars pour prendre la direction de CURAVIVA Suisse. Titulaire d’un doctorat en géosciences, Angelika Kalt a été pendant huit ans professeure ordinaire de pétrologie et de géodynamique interne à l’Université de Neuchâtel avant de venir au FNS en 2008 en tant que directrice suppléante de l’institution. Elle a débuté son mandat de directrice le 1er avril 2016. tionne les irrégularités. Par ailleurs, il a accepté que la politique ne puisse pas répondre à tous les souhaits. La place de recherche suisse revêt une importance primordiale mais d’autres préoccupations sont tout aussi légitimes.

Les années fastes du financement de la recherche sont révolues. Qu’est-ce que cela signifie
pour la relève ?

Nous devons mettre la main à la pâte : nous ne pourrons pas réaliser tous les points du prochain programme pluriannuel. Mais la relève a toujours la priorité. Nous aménageons les instruments d’encouragement afin que les chercheuses et chercheurs de talent prennent plus tôt leur indépendance.

Le système scientifique est en crise : la quantité est souvent plus importante que la qualité des résultats. Confirmez-vous ce diagnostic ?

Parler de crise est exagéré. Mais les incitations négatives, comme la forte pression à publier, ne peuvent être ignorées. Les sciences de la vie produisent de trop nombreux résultats qui se révèlent non reproductibles – sachant que reproduire des expérimentations avec des organismes constitue un défi. En signant la déclaration DORA, le FNS a déjà redressé la barre. Ce qui me rend confiant, c’est que les débats ont été initiés par la science. Elle est en mesure de corriger le tir.

Si vous étiez magicien, quelles modifications apporteriez-vous à la scène de recherche suisse ?

Les conditions de travail doivent être améliorées pour la relève : conseil en orientation professionnelle, évaluation des performances, postes d’assistant-e avec tenure track. Il n’est pas possible d’écarter des quadragénaires qui en sont réduits à se chercher un nouveau métier.