Entre quotidien et temps forts : le travail des comités spécialisés

Les trois comités spécialisés du Conseil national de la recherche assurent des tâches essentielles pour la place scientifique suisse : ils encouragent l’interdisciplinarité et l’internationalité de la recherche et soutiennent les carrières des jeunes scientifiques.

Qu’a réalisé de particulier le comité spécialisé Coopération internationale l’an passé ? Pour Urs Baltensperger, son président, l’activité du comité est principalement « un travail de fourmi qui n’a rien de spectaculaire », le Secrétariat lui fournissant un soutien très précieux.

Les trois comités spécialisés du FNS assurent des tâches essentielles pour le Conseil national de la recherche, notamment l’évaluation des requêtes relevant de leurs domaines : Recherche interdisciplinaire, Coopération internationale et Carrières. Les comités sont assistés à cet effet par des panels en partie internationaux. Dans les trois domaines, ils élaborent également des stratégies d’encouragement pour le FNS et préparent les prises de position du Conseil sur des questions liées à la politique scientifique. Leurs membres appartiennent au Conseil, qui rassemble une centaine de chercheurs.

« Nous voulons encourager, en commun avec nos partenaires, la collaboration de groupes où les meilleurs chercheurs des deux pays sont représentés. »

Urs Baltensperger, Institut Paul Scherrer, président du comité spécialisé Coopération internationale

Dépasser le cloisonnement des disciplines

Le temps fort actuel du comité spécialisé Recherche interdisciplinaire est la mise en œuvre du nouveau programme Sinergia. « Cet instrument d’encouragement est pleinement axé sur l’interdisciplinarité », déclare Rita Franceschini, sa présidente. La professeure suisse en linguistique à l’Université libre de Bolzano au Tyrol du Sud en attend beaucoup : « Nous espérons que, pour réaliser ses propres travaux, un scientifique s’approprie le regard d’un chercheur issu d’une autre discipline et que ces échanges génèrent des recherches pionnières. Les penseurs à contre-courant que nous recherchons doivent pour cela bénéficier des marges de manœuvre nécessaires. » Depuis la réforme de Sinergia en 2016, le FNS a reçu environ 160 projets de recherche collaboratifs et interdisciplinaires. Pour les projets futurs, Rita Franceschini espère que les requérant-e-s feront preuve d’un plus grand goût du risque et que davantage de demandes retenues émaneront de femmes.

L’Europe, mais pas seulement

Outre le travail quotidien, chaque comité spécialisé est confronté à ses propres enjeux. « En 2016, le temps fort du comité spécialisé Coopération internationale a été la réintégration de la Suisse dans le programme de recherche de l’UE. Nous sommes soulagés d’y être à nouveau pleinement associés », déclare Urs Baltensperger, professeur en chimie atmosphérique à l’Institut Paul Scherrer. La coopération avec l’Europe n’est toutefois qu’une partie du travail de ce comité.

Sur mandat du Secrétariat d’État à la formation, à la recherche et à l’innovation SEFRI, il est notamment chargé de coopérer avec divers organismes publics d’encouragement de la recherche en Argentine, en Chine, au Japon, dans l’Etat de Rio de Janeiro au Brésil ou en Corée du Sud. Sur sa propre initiative, le FNS collabore en outre avec d’autres promoteurs de la recherche, par exemple la National Science Foundation aux Etats-Unis. « Nous voulons encourager, en commun avec nos partenaires, la collaboration de groupes où les meilleurs chercheurs des deux pays sont représentés », déclare Urs Baltensperger. Mettre ces coopérations en place est une tâche de longue haleine. Les participants doivent s’entendre sur tout, à commencer par la langue de communication. Même s’il y a parfois des disparités au niveau du financement – avec les pays émergents, la Suisse avance souvent plus d’argent –, nous veillons à ce que la participation scientifique soit équivalente.

« Les penseurs à contre­courant que nous recherchons doivent bénéficier des marges de manœuvre nécessaires. »

Rita Franceschini, Université libre de Bolzano (I), présidente du comité spécialisé Recherche interdisciplinaire

PRIMA remplace MHV

Le FNS a aussi réformé son instrument d’encouragement dédié aux chercheuses. Les subsides Marie Heim-Vögtlin (MHV) ont soutenu pendant 25 ans les femmes dans la reprise de leur activité de recherche qu’elles avaient dû interrompre pour raisons familiales, généralement pour garder leurs enfants. Le nouvel instrument « PRIMA » remplace désormais les subsides MHV. « Avec PRIMA, nous aidons les jeunes chercheuses prometteuses à  mener une recherche d’excellence. Nous pouvons les soutenir de manière conséquente jusqu’à cinq ans afin qu’elles puissent s’engager sur la voie  difficile du professorat », explique Markus Fischer, membre du comité spécialisé Carrières et professeur en écologie végétale à l’Université de Berne. « Notre objectif est d’augmenter au final la proportion encore faible en Suisse de professeures. » Markus Fischer souligne toutefois que le quotidien de ce comité spécialisé, au-delà des conseils stratégiques et de l’élaboration de ce nouvel instrument d’encouragement, est aussi principalement d’assurer le contrôle qualité de l’évaluation des requêtes.

« Avec PRIMA, nous voulons augmenter au final la proportion encore faible en Suisse de professeures. »

Markus Fischer, Université de Berne, membre du comité spécialisé Carrières